C’est officiel : hier soir, Bloomberg a révélé que le Département de la Justice (DOJ) allait demander à Google de se séparer de Chrome, son navigateur qui représente 61 % du marché.
Cette demande fait suite à la décision rendue en août dernier par le juge sur la position de monopole illégal exercée par Google sur le marché des moteurs de recherche et de la publicité sur les moteurs de recherche (ce sont deux marchés distincts).
Pour ceux qui voudraient comprendre tout le dossier, je m’étais tapé les 277 pages du rapport du juge Mehta (je m'ennuyais en août) pour vous faire un décryptage sur YouTube. Il est dispo ici :
L’objectif est de retirer à Google l’un des avantages conférés par la possession de Chrome : traquer l'activité des utilisateurs connectés et utiliser ces données pour cibler plus efficacement les publicités.
En l’état, cette solution pose problème pour plusieurs raisons :
1. Le monopole de Google est déjà à risque.
Le DOJ passe à côté du fait qu’on estime que 25 % du trafic sur les moteurs de recherche va disparaître d’ici 2026 au profit des agents IA. La plupart d’entre eux n’ont pas encore de modèle économique publicitaire abouti.
D’ici quelques mois ou années, le tableau risque d’être bien différent. Cette décision interviendrait à un moment où le business de Google n’a jamais été autant menacé dans toute son histoire.
2. Qui va racheter Chrome ?
En plus d’avoir 20 milliards à débourser, il faudrait que le racheteur soit sous faible pression antitrust, ce qui exclut pas mal de candidats. Théoriquement, OpenAI aurait le droit de se l’offrir, ce qui serait un gros coup dur pour Google.
3. Le bazooka pour tuer une mouche.
Le vrai problème identifié en août concerne les accords d'exclusivité avec les distributeurs de leur moteur de recherche (en particulier Apple). Dans ce cadre, la scission de Google semble être une mesure très radicale qui n’a pas vraiment de précédent juridique.
En 2000, la décision de scinder Microsoft avait été actée avant d’être annulée en appel. Le juge Mehta, connu pour son respect de la jurisprudence, pourrait opter pour des remèdes plus modérés.
Je suis donc pour l’instant donc assez dubitatif sur cette news.
Le fin mot de l’histoire sera donné en avril 2025, je vous tiendrai au courant.